En collaboration avec EDHEC Inspiring Women
Durant les nombreux conflits parcourant l’histoire, la place de la femme a longtemps fluctué. De victime à martyr, de participante à instigatrice, les conflits sont à la fois le terrain d’une privation des droits des femmes mais aussi un terrain poussant au changement de son statut au sein de la société. Après une lente reconnaissance des nombreux crimes dont les femmes sont victimes durant les guerres et malgré des actes violents toujours commis, un mouvement semble désormais se mettre en place, les femmes refusant leur statut au sein de ces situations.
Une victime au sein des conflits
Selon un rapport des Nations Unies de 1998, historiquement, les armées considéraient le viol des civils comme une « récompense » de la guerre. C’est d’ailleurs ce constat qui peut en partie expliquer la lente reconnaissance du viol au sein des conflits comme crime de guerre. Malgré sa constante présence au sein de l’histoire, l’un des premiers textes internationaux, la première convention de Genève, ne mentionne pas le viol de guerre et la première convention de la Haye de 1899 ne le mentionne que de manière très vague, laissant le texte à une très large interprétation.
Sans une réelle reconnaissance internationale, les femmes furent les principales victimes des viols de guerre durant les conflits majeurs du 20ème siècle. Que ce soit durant les première et seconde guerres mondiales ou le tragique massacre de Nankin, aussi surnommé le viol de Nankin pour le nombre épouvantable de femmes violées, ces dernières furent au centre de nombreux crimes de guerre. Malgré l’instauration des tribunaux internationaux de Nuremberg et Tokyo afin de punir les nombreux actes commis durant ces conflits et les nombreux témoignages de femmes, les viols de guerre ne furent pas reconnus ou uniquement de manière anecdotique afin de plus incriminer l’Allemagne et le Japon, malgré le fait que tous les pays participant à la guerre furent coupables de ces crimes.
Désormais les viols de guerre sont reconnus internationalement par la Convention de Genève de 1949 et depuis, de nombreux textes s’y sont ajoutés. Cependant, comme l’explique Zainab Hawa Bangura, la représentante des Nations Unies sur les violences sexuelles au sein de conflits, ces dernières sont un outil de guerre. De plus, les conflits ont désormais évolué. Actuellement au sein d’une période de « paix internationale », les femmes sont désormais les victimes des conflits internes et les conventions internationales procurent peu voire pas de protections.
Les violences sexuelles sont devenues une stratégie utilisée au sein des conflits internes et les femmes sont les premières à en payer les frais. Durant le génocide de 1994 au Rwanda, 47.6 % des violences sexuelles ont été commises par des hommes contre seulement 9.2% par des femmes. Dans un récent rapport d’Amnesty International, l’ONG dénonce l’utilisation du viol des femmes comme arme de guerre au sein de la région Amhara en Éthiopie durant la guerre civile actuelle.
Que le conflit soit international ou interne, il présente un terrain propice aux violences sexuelles dont malheureusement, les femmes sont les principales victimes. Cependant, les conflits sont non seulement les terrains mais ont aussi été les tournants permettant de changer le statut de la femme.
De victimes à protagonistes
Si certaines grandes figures historiques se sont démarquées par leur participation au sein de nombreux conflits historiques, c’est bien à partir du 20ème siècle que la position des femmes se démarque au sein des guerres.
L’exemple le plus connu reste la participation des femmes durant la seconde guerre mondiale. La majorité des hommes étant sur le front, de nombreuses femmes participent à l’effort de guerre au sein des usines. La fameuse image de « Rosie la riveteuse » reste désormais un symbole du combat féministe.
Si de nombreux historiens considèrent que l’effet de la seconde guerre mondiale pour le statut des femmes est désormais en partie exagéré, surtout aux États-Unis lorsque la plus grande évolution fut durant les années 60, la place de la femme en Europe a tout de même grandement évolué après ce conflit, notamment avec de nombreux pays adoptant le droit de vote.
Durant la première guerre mondiale, ce sont bien les femmes qui, pour la journée internationale de la femme en 1917, se lèvent afin de protester à Saint-Pétersbourg contre le gouvernement, créant un mouvement prenant de l’ampleur qui mena à la fameuse révolution russe.
Désormais, au sein des conflits actuels du XXIème siècle, de nombreuses femmes militent et participent afin de conserver leurs droits malgré les conflits les entourant. Que ce soient les militantes en Afghanistan qui luttent malgré la pression des talibans ou les YPJ en Syrie, la place de la femme ne s’est plus cantonnée au rôle de victime. Symbole de cette résistance et de ce changement, Malala Yousafzai, victime du conflit entre les talibans et l’armée pakistanaise, clame, « je ne veux pas reconnue comme la fille qui s’est fait tirer dessus par les Talibans, mais comme celle qui a lutté pour l’éducation ».
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