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Sara Détré

L’expansion chinoise fait face à des oppositions nouvelles

La Chine paraît surprise des protestations que soulève son expansion


Un mouvement de résistance ouvert à la Chine semble émerger en indopacifique. Sur le plan militaire d’abord, en juillet 2021, l’Inde a menacé la Chine de riposter à toute initiative qu'elle aurait pu lancer pour changer le statu quo dans la région frontalière du Cachemire. Une menace lourde au vu de l’escalade qui eut lieu dans la région en 2020. Des dizaines de milliers de soldats s’étaient, en effet, fait face à la frontière après la mort de 20 soldats indiens et 4 chinois lors d’une escarmouche. Les observateurs soulignent un certain étonnement chinois face à cette fermeté.



De même en Australie, sur le plan commercial cette fois. Après le soutien australien à des enquêtes sur la responsabilité de la Chine dans la pandémie de Covid-19, Pékin avait restreint ses importations australiennes, coûtant ainsi 25 milliards de dollars à Canberra. Jusque-là, la Chine était le plus grand partenaire commercial de l’Australie, ce qui laissait supposer qu’elle ne pourrait pas s’opposer à Pékin sur le plan commercial. Or Canberra a pu trouver de nouveaux marchés pour écouler ses stocks, prenant ainsi une plus grande indépendance vis-à-vis de la Chine.


Par ailleurs, le ministre des affaires étrangères australien a déclaré faire appel à l’Organisation mondiale du Commerce pour trancher le litige. Pendant ce temps, Canberra négocie de nouveaux accords commerciaux avec l’Union européenne et le Royaume-Uni. Il semble donc que les représailles commerciales de la Chine, lui aient été, sur le long terme, plutôt dommageables. Cette décision de faire appel à l’OMC semble notamment promettre un vrai refus de passivité face aux stratégies de Pékin.


Le développement très observé de l’alliance du Quad


Il n’est pas anodin que les deux pays que nous avons cités soient l’Inde et l’Australie. On parle en effet de plus en plus du Dialogue de sécurité quadrilatéral, créé pour la première fois en 2007, tombé dans l’oubli après un ralliement de l’Australie à la Chine, et finalement ravivé en 2017.



Cette alliance entre l’Inde, l’Australie, les États-Unis et le Japon pour endiguer l’influence chinoise en indopacifique semble plus vive que jamais sous l’administration Biden. Elle fut notamment utilisée pour élaborer une stratégie de réponse au Covid-19 qui combine la logistique australienne, la puissance manufacturière indienne, les finances japonaises et les technologies américaines. Les quatre pays ont donc prouvé que leur alliance visait aussi à court-circuiter autant que possible la Chine du processus de décision dans la région. Le moment semble opportun étant donné que la crise sanitaire a isolé la Chine. Xi Jinping ne s’est, en effet, présenté ni au G20 ni à la COP26.

C’est par la nécessité de concrétiser toujours plus cette alliance du Quad que certains experts expliquent la crise des sous-marins australiens. Canberra aurait en effet décidé de privilégier les États-Unis, membre du Quad, comme partenaire militaire et industriel plutôt que la France, plus exclue de la région indopacifique.


Une riposte européenne à l’avancée chinoise


Les pays du Quad ne sont pas les seuls à avoir décidé de défendre leurs intérêts contre la Chine. À la mi-septembre, Ursula Von der Leyen a évoqué le projet du “Global Gateway” dans un discours. Ce projet vise à élaborer une alternative à la toute puissante route de la soie chinoise. La présidente du Parlement européen a ainsi déclaré : “Cela n'a pas de sens que l'Europe construise une route parfaite entre une mine de cuivre sous propriété chinoise et un port également sous propriété chinoise”. C’est donc un véritable réseau de connectivités concurrent à la route de la Soie que veut mettre en place Bruxelles.


En revanche, à Paris, Orsay semble refuser de se rallier à l’opposition croissante contre la Chine et veut se ménager une “troisième voie”. Le contrat des sous-marins australiens était, pour la France, avant tout un moyen d’assurer sa présence en indopacifique. Berlin semble cependant déterminée à mettre fin à cette stratégie française pour montrer aux Américains que les Européens peuvent être des soutiens actifs contre la Chine.


Que signifierait ce potentiel revirement pour Xi Jinping ?


Les journalistes estiment qu’il est désormais peu probable que Xi Jinping reste plus longtemps sur le banc de touche. Une fois passés les premiers étonnements face au “réveil” des pays dont les intérêts divergent de ceux de Pékin, la réponse chinoise devrait être ferme. En effet, Xi Jinping a tant investi dans la militarisation de la route de la soie et vendu l’image d’une Chine restaurée dans sa gloire d’antan, que son maintien au pouvoir serait désormais lié à la puissance géopolitique chinoise et surtout, à la conquête de Taïwan. Il semblerait alors très improbable que la Chine laisse cette levée de boucliers contrarier ses plans.


Crédit photo 1 : Wikimedia commons, no change made, NuclearVacuum, Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

Crédit photo 2 : Wikimedia commons, no change made, U.S. Department of State from United States, Public domain

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