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Alice Desvilles

L’Australie face à la Chine : une guerre d’influence perdue d’avance ?

Dernière mise à jour : 25 mars 2021

Par Nacim Souni et Alice Desvilles


Les tensions politiques, économiques et géopolitiques entre la Chine et l’Australie ne cessent d’augmenter. En effet, la semaine dernière, la Chine a imposé des droits de douane décourageants sur les importations de vin australien. L’Australie a quant à elle réagi avec colère à un photomontage posté sur Twitter par un diplomate chinois montrant un soldat australien tenant un couteau sous la gorge d’un enfant afghan. Mais ceci ne sont que les dernières réponses à des tensions grandissantes depuis quelques années, particulièrement dans la zone du Pacifique Sud.


Rivalités de puissance


Depuis 2011, la Chine a investi 1,62 milliard de dollars US dans des territoires insulaires en Océanie. Certaines de ces îles, Kiribati et les îles Salomon, ont d’ailleurs récemment renoncé à leurs relations diplomatiques avec Taiwan. Le rapprochement de ces îles avec Pékin est de plus en plus flagrant. En 2018, le Vanuatu a fait les gros titres des journaux australiens car la Chine y ambitionnait la construction d’un port militaire. C’est ainsi que depuis plusieurs années, la Chine mène sa politique d’influence étrangère dans la région. Elle y accorde notamment des prêts bon marché et investit dans les infrastructures locales.

Toutefois, le fait que Pékin étende son influence dans la zone Pacifique ne semble pas faire beaucoup réagir l’Union Européenne ou les Etats-Unis. A l’inverse, en Australie et en Nouvelle-Zélande, cette politique étrangère est considérée comme invasive et inquiétante. D’autant plus que la région du Pacifique Sud est certes peu peuplée, mais riche en ressources; l’aubaine géopolitique est de plus en plus forte.


2020, l’année explosive


En cette année 2020, les tensions se sont cristallisées entre la Chine et l’Australie. Les tensions sont nées lorsque le gouvernement australien a demandé à ce qu’une enquête indépendante sur l’origine de la covid-19 soit menée. Pékin a alors mal accueilli cette requête, jugeant qu'elle insinuait que la Chine cacherait une partie de la vérité quant à l’origine de la covid-19. La Chine a donc répliqué en déconseillant à ses citoyens d’aller en Australie et en condamnant à mort un Australien pour trafic de drogue.


Cependant, cela n’a fait qu’empirer. En effet, en juin 2020, Canberra a accusé le gouvernement chinois d’avoir lancé une cyberattaque contre des organisations politiques et financières australiennes. Scott Morrison, le Premier ministre australien, a parlé d'un "cyber-acteur étatique très développé" sans qu’il n’y ait de preuves concrètes.


Contre-attaque australienne


Le Premier ministre Morrison, se sentant menacé par la Chine, cherche à la contrer dans la région. De ce fait, il a récemment annoncé avoir consacré des milliards de dollars aux dépenses militaires. En juin, l'Inde et l’Australie ont signé un accord prodiguant un accès mutuel aux bases militaires respectives des deux nations.

Dans l’optique de développer son soft power dans la région, l'Australie a fourni des fournitures médicales aux États en difficulté dès le début de la pandémie.


Cependant la Chine l’a également fait. Par ailleurs, le gouvernement australien vient d'augmenter l’aide au développement pour la région à environ 1,4 milliard de dollars australiens. Plusieurs milliards ont été mis de côté pour des projets d'infrastructures communes et pour garantir des crédits à l'exportation. Le pays utilise par exemple ces fonds pour construire un câble Internet sous-marin vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Salomon.

Crédit photo : Unique eye from Getty Images / Canva license pro

Dans la lignée de l’Australie, le gouvernement néo-zélandais a par ailleurs également augmenté son aide au développement dans la région ces dernières années. Cependant, comme l’écrit Patrick Köllner, chercheur à l'Institut allemand d'études mondiales et régionales de Hambourg, “l'Australie restera le plus grand donateur de la région, fournissant environ 45 % de l'aide publique au développement totale qui y est générée”.


Des limites à l’influence


Toutefois, l’influence de l’Australie dans la région se heurte à certaines limites. Celles-ci naissent notamment de sa politique climatique. En effet Morrison n'est pas considéré comme un combattant du changement climatique. En 2017, il a apporté un morceau de charbon au Parlement afin de promouvoir l’exportation de cette matière première.


Par ailleurs, les États insulaires économiquement faibles situés au nord du pays sont menacés par le changement climatique; ils craignent l’élévation du niveau de la mer. La politique charbonnière de l'Australie est donc plutôt en contradiction avec ces inquiétudes.


Ainsi, face à la Chine, l’Australie ne semble pas avoir les moyens de riposter. C’est pourquoi elle a décidé de s’allier aux Etats-Unis, au Japon et à l’Inde dans le Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad) . L’objectif est de s’allier militairement dans des exercices conjoints afin d’être prêts à une potentielle intervention chinoise dans la région. Seule, l’Australie ne pourrait faire le poids face à la Chine, c’est pourquoi elle fait le choix d’étendre ses alliances.


Crédit photo : Minister for Trade and Investment The Hon Andrew Robb AO MP, Wikimedia commons no change made, Creative CommonsAttribution 3.0 Australia license.

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