Le 29 Janvier 2022, le résultat de l’élection présidentielle en Italie est tombé. Après pas moins de 8 scrutins, l’ancien président, Sergio Mattarella est réélu avec une large majorité de 759 voix sur 1009. Le président est ainsi parti pour un nouveau mandat.
Pourtant, la fête ne semble pas être au rendez-vous depuis l’annonce de ce résultat. Il semble que les Italiens ne fassent que se résoudre à ce résultat, et ne s’en réjouissent pas. Pour cause, le président sortant ne voulait pas être candidat à sa propre succession. Ce genre de situation serait évidemment impossible en France, mais nous allons voir ici, comment cela a pu arriver en Italie.
Le système électoral
L’origine du « problème » vient du système présidentiel Italien. L’élection se déroule suivant un suffrage universel indirect. Pour ce faire, un Congrès est formé. Il est composé de 630 députés, 321 sénateurs et 58 délégués de régions, qui forment les 1009 grands électeurs. Le système est ainsi déjà très différent du français.
Mais ce qui pose vraiment problème vient d’ailleurs. En effet, il n’y a pas de candidat officiel lors des élections. Ainsi, chacun des grands électeurs peut décider de voter pour qui il veut. En plus de cela, les votes des grands électeurs sont tenus à bulletin secret, ils peuvent donc voter pour absolument n’importe qui. Il y a ainsi un nombre indéfini de tours. Lors des trois premiers, le président a besoin des 2/3 des voix pour être élu, puis ce ne sera plus que la moitié, soit la majorité absolue. C’est pour cela que même quelqu’un qui ne veut pas être élu peut l’être.
Les élections se font de la sorte en partie parce que les responsabilités du président ne sont pas des plus grandes. Il n’est en effet pas responsable politiquement, le titre est surtout honorifique. Ses pouvoirs consistent surtout à nommer des sénateurs à vie, 5 juges à la Cour Constitutionnelle, ainsi que d’autres postes. Il a aussi le pouvoir de promulguer les lois et a le droit de grâce présidentielle. Son poste est donc surtout important en cas de crise politique. Le poste de président n’est donc pas si important que celui de premier ministre, vrai chef du gouvernement.
Des élections mouvementées
Quoi qu’il en soit, cette élection a été particulièrement rocambolesque. De fait, en temps normal, les grands partis politiques présentent des candidats officieux pour l’élection, ce qui donne un semblant de structure au scrutin. Mais cette fois-ci aucun candidat ne sortait réellement du lot, ce qui a mené à des débats interminables entre le 24 et le 29 janvier 2022. La complexité de l’élection venait majoritairement de ce phénomène.
Face à ce manque de candidats sortants du lot, la seule personne crédible était Mario Draghi, l’actuel premier ministre et ex-président de la Banque Centrale Européenne. Le problème est que ce premier ministre était en quelque sorte la clef de voûte de la coalition gouvernementale, et que le fait qu’il quitte son poste actuel aurait conduit à la probable destruction de la coalition en place. Pour cette raison, le Congrès n’a longtemps pas su trouver de bon successeur à Sergio Mattarella.
En conclusion, Mattarella est réélu
Du fait de ces difficultés à choisir un successeur au président actuel, le Congrès n’a trouvé qu’une seule solution, le réélire. C’est ainsi que malgré son appréhension initiale, Sergio Mattarella a été réélu président de l’Italie. Pour y parvenir, Mario Draghi a dû négocier avec lui « pour le bien et la stabilité du pays ». Cette élection s’est donc faite à contre-cœur, mais Sergio Mattarella a finalement considéré que l’avenir de son pays dépendait de son acceptation.
De ce fait, cette réélection marque une forme d’espoir pour l’avenir de l’Italie. Le fait que Mario Draghi reste au poste de premier ministre va en effet permettre de consolider la coalition en place, et de stabiliser ainsi le pouvoir en Italie. C’est pour cette raison que le premier ministre a décrit cette réélection comme une « merveilleuse nouvelle pour les italiens ». Cette élection est donc un soulagement pour le pays.
Elle reste toutefois marquée par un échec cuisant pour les plus grands partis. En effet, aucun n’est parvenu à présenter un candidat capable de prendre le poste de président. L’élection a été marquée par des retournements de vestes successifs, et donc par un fort manque de cohérence des partis. Le pire dans tout cela est que même la coalition au pouvoir n’a pas su trouver de candidat assez crédible pour endosser ce rôle. Cette élection marque donc la faiblesse des groupes politiques en Italie.
Crédits photos : Presidenza della Repubblica, Wikimedia Commons, no change made, Creative Commons License.
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