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Alice Desvilles

Fin de l’opération Barkhane au Sahel

Par Grégoire Pradelle


Le jeudi 10 juin, le président Emmanuel Macron a annoncé en fin d’après-midi la fin de l’opération Barkhane « La poursuite de notre engagement au Sahel (…) impliquera (…) la fin de l’opération Barkhane », il a justifié ce retrait en arguant que la présente force militaire française dans la région ne peut pas remplacer une réelle stabilité politique.



Le lancement de cette opération


L’Opération Barkhane a été initiée le 1er août 2014, avec pour objectif de venir soutenir les alliés dans la région du Sahel et du Sahara, contre les groupes armés salafistes djihadistes. Cette opération est venue prendre la suite des opérations préexistantes Serval et Epervier. Cette nouvelle opération mobilise initialement 3000 militaires, 200 blindés, 200 véhicules logistiques, 6 avions de combat et 4 drones. Les forces djihadistes dans la région sont estimées entre 300 et 3000 combattants, mais utilisent des équipements tels que des mines antichars, des équipements datant de la guerre froide et des armes volées lors de raids sur les bases militaires des armées des pays de la région. La France est le pays ayant déployé le plus de soldats, mais n’est pas la seule : l’Angleterre, l’Estonie, le Danemark, La Tchéquie et les États-Unis fournissent un soutien de renseignement.


Le déroulement des opérations depuis 2014


Pendant les six ans de l'opération, les effectifs français sur place ont été augmentés, une première fois en 2018 passant de 3000 soldats à 4500 puis en février 2020 de 4500 à 5100 soldats. Les opérations ont été gérées par sept généraux différents. Cependant, cette opération aura coûté la vie de 50 soldats français.

Les forces françaises ont fait face à un nombre compris entre 400 et 3000 djihadistes, dans les différentes régions au Sahel, au Mali et au Sahara. Au total, les forces de l'opération Barkhane ont éliminé 9 différents commandants djihadistes, et fait 1200 morts ou prisonniers parmi les troupes djihadistes.


Le désengagement des forces françaises


La décision du désengagement des forces françaises a été prise par Emmanuel Macron dans un contexte ou à la fois la présence française se faisait critiquer par des groupes locaux, et une situation où les gouvernements locaux ne se dirigent plus vers les mêmes objectifs que la France dans la région.

En particulier, après le second coup d’État au Mali par le Colonel Goïta soutenus par les gouvernements voisins, le président Macron a déclaré : « Nous ne pouvons pas sécuriser des régions qui retombent dans l’anomie parce que des États décident de ne pas prendre leurs responsabilités. C’est impossible, ou alors c’est un travail sans fin ».



Le désengagement des troupes n’est cependant pas prévu en une seule fois, un calendrier avec trois phases a été instauré.

  • Première phase début 2022, fermeture de certaines bases françaises au Mali

  • Deuxième étape progressive jusqu’à l’été 2022, retrait de 30% de l’effectif

  • Troisième étape moins certaine qui placerait une réduction des effectifs à 50% d’ici début 2023

Ces fenêtres de désengagement sont stratégiquement choisies pour tomber pendant la saison des pluies dans la région qui entraîne donc une diminution des risques d’attaque.


Les perspectives dans la région


Le départ de l’opération Barkhane sonne pour certains la fin de la stabilité, car les forces djihadistes font beaucoup d’actions dans la région, pillant les bases militaires et taxant les villages. La présence de l’opération Barkhane était un vrai frein à ces activités qui pourraient reprendre si l'armée locale n’arrive pas à prendre le relais.

D’autres diplomates craignent que la fin de Barkhane ne fasse peur aux derniers administrateurs civils du nord du Mali, ce qui signifierait un effondrement de l’Etat dans la région et une opportunité pour le groupe djihadiste d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).

La situation dans la région n’est donc pas apaisée et le départ de l’Opération Barkhane comporte des risques pour les Etats de la région.


Crédit photo 1 : TM1972/ Wikimedia Commons, no change made / Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

Crédit photo 2 : Thomas GOISQUE/ Wikimedia Commons, no change made / Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

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